mercredi 22 octobre 2008
Slam, porno and queer
Attention gros mot. Pornfilmfestival. 3e du nom. Ca démarre ce soir au Movimiento, à deux pas de chez moi, à la frontière entre Neukölln et Kreuzberg. Quatre jours de projections regardant l'autre facette due la culture porno, celle des féministes, des lesbiennes, gays et trans, des fétichistes et des SM, des intellos et des rigolos. Ce qui reste sur la pellicule une fois débarassée du cul à la papa, des clichés du désir masculin, de l'éroticocentrisme hétéro, de l'idée d'une femme soumise ou pute." On en a marre d'avoir toujours la même esthétique, les mêmes figures imposées. Il faut modifier les codes traditionnels en hybridant par exemple les genres filmiques (...) On souhaite montrer que la vocation du porno n'est pas seulement la branlette" commentait Maxime Cervulle, l'organisateur du festival du même nom début octobre à Paris. " Il faut lever les idéees reçues, lever le moule, éclater les limites du genre", renchérit Céline Robinet, qui organise la première soirée du festival porno berlinois. Je rencontre Céline dans une vieille cafet italienne de Neukölln où la tenancière hésite à mettre le chauffage en route rapport au prix du gaz qui augmente beaucoup trop vite. Devant un café (pour moi) et une pizza (pour elle), on devise courtoisement cul, gode, vision hétéronormée et poésie. A quelques centimètres une grande vierge veille sur nous. Céline Robinet, alias Kakosonia (son nom de slameuse) est connue ici du monde francophone pour tenir une chronique dans la Gazette (le journal français de Berlin). Elle slame aussi, elle écrit, elle milite, elle court dix projets à la minute. Prochain en route un livre sur le fétichisme des pieds et de la chaussure avec le photographe KLTbloc et un autre sur "20 bonnes raison de ne pas être hétéro". Car oui, Céline est lesbienne. Cheveux rasés d'un côté mais décolleté avantageux. "Je suis de celles qui ne rejettent pas la féminité. Je peux aussi me la jouer très masculine, ça dépend." Ce soir donc, elle organise avec pour complice Wendy Delorme, actrice dans le premier film porno lesbien français, performeuse queer, égérie post-féministe et auteure du roman "Quatrième Génération" (Grasset), une soirée "Sex can save the world" à coup de lecture (en français et en allemand), de slam érotique, et de performances (Océan, dragking berlinois). Partant du constat que la sexualité lesbienne est un genre sous-représenté y compris dans le porno, Céline appelle au prêche! "Parlons-en, montrons-la avec des mots et des images". Une profession de foi qui appelle à contourner la représentation masculine de la lesbienne et la conception répandue de "les lesbiennes, c'est doux, ce sont des caresses : c'est pas vraiment du sexe". Dans le porno classique, la lesbienne, présente, finit toujours pas s'offrir à l'homme. C'est lui qui la "termine" en sorte. A bas donc "la réification de la lesbienne au service de l'homme". Oui, certes, mais le porno est-il nécessaire? "Oui, dans le sens où il véhicule des images. Il est important que les lesbiennes prennent ça aussi en main, qu'il existe un porno fait par les femmes et pour les femmes". Et pour prouver que le genre lesbien est loin d'être un truc gentillet entre goudous frustrées, et que la pénétration n'est pas l'apanage de la masculinité, Céline a convié à sa soirée Gur, aussi appellé "Jerusalem Drag Kingz", qui viendra vendre des gode-ceintures et harnais en chambre à air de vélo (spécial végan pour ceux qui supportent pas la matière animale). Et sa copine Wendy animera un workshop sur les techniques et usages du fisting pour femmes et trans. Dans la cafét italienne, la vierge nous écoute toujours mains jointes, yeux baissés. On se dit peut-être à demain. Ca se passera au Wirrwarr, bar galerie tout récent tenu par deux Françaises, à 20h pour 3 à 5 euros (selon l'envie et les moyens). Pour ceux que ça tente le festival s'ouvre ce soir au Movimiento (Kotbusser Dam) avec "Bad luck Betties" de Winkytiki.
Demain "Sex can save the world", 20h, avec Wendy Delorme, Kakosonia, David le Guillermic, Ocean, et les sex toys vegane (si, si c'est pas de la blague, en chambre à air de vélo....) de Gur. Wirrwarr bar, Dieffenbachstrasse 36, Kreuzberg, Berlin. .
Thème:
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