Regard curieux sur une capitale en MOUVEMENTS

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lundi 25 août 2008

Lundi, jour du Napoléon au Dock 11


C'est LE spectacle du lundi du Dock 11. Les représentations de Napoléon D ont commencé en avril je crois. Le Dock 11, petite salle de Prenzlaeur Berg dévouée à la danse contemporaine, accueillait alors pour quelques semaines une pièce étonnante. "Jusqu'à ce que tout le monde l'ait vu", annonçaient crânement les flyers. Quatre mois, les Napoléon sont toujours là. La salle ne désemplit pas. Petite présentation d'un phénomène à travers un article paru au printemps sur le site du Petit Journal.Quel rapport y a t-il entre Napoléon, Jamiroquaï, un adolescent mal dégrossi de l’Idaho, la danse contemporaine berlinoise et le Post Theater new-yorkais ? Réponse : un spectacle, entre danse performance et théâtre, joué tous les lundis au Dock 11. Tout est parti du film Napoleon Dynamite. Culte aux Etats-Unis, jamais sorti en France ni en Allemagne, ce long métrage au budget minimal suit les errements d’un anti-héros boutonneux de 14 ans dans son collège. La scène la plus célèbre (regardée par plus de 10 millions de spectateurs sur Youtube) montre Napoleon - c’est comme ça qu’il s’appelle - dans un solo de danse impayable sur un tube de Jamiroquai lors d’élections du collège. "Quand nous avons décidé de lancer un concours sur la danse de Napoleon Dynamite certains nous ont dit que c’était ridicule d’autres ont applaudi en disant que c’était ça, l’essence même de la danse", commente le présentateur de la soirée, l’excellent Robert Wolfram de la compagnie Post Theater. "Nous avons vu des dizaines de candidats, parfois 16 heures par jour. Nous en avons sélectionné cinq. Ce soir le gagnant remportera le montant de la recette… Lui pourra faire carrière, pour les autres, c’est raté." Le choix crucial est entre les mains du public qui vote à la fin.
Bien évidemment tout cela est faux. Mais l’enrobage pastiche donne à cette performance tout son charme. En pleine époque de "compétition-starisation-youtubisation", Napoleon D. nous permet de regarder toute cette agitation internaute avec recul et humour. Autant prévenir que les versions proposées sont très éloignées du modèle. Christof Schwaan semble pris dans un jeu vidéo, son corps tourne saute, s’écrase, sa main en forme de pistolet tire sur les autres, vise sa propre tempe, le danseur s’épuise dans un univers noir et blanc irréel.Pour le danseur français Florian Bilbao, le chorégraphe berlinois Christof Winckler a pris au pied de la lettre l’étrange nom de l’ado américain. Bicorne ridicule, collants de danse blanc trop petits, le danseur bavard dicte sa chorégraphie au présentateur gentiment consentant, rempli d’excitation et de fierté nationale - le public a eu droit à ses fanions tricolores. Le tour de danse se termine par l’incroyable performance de Nir de Volff, chorégraphe et danseur israélien. L’homme qui s’avance cahin cahn sur une chaussure à talon est à lui seul tous les personnages de la famille, mi-homme, mi-femme. Il raconte en anglais mâtiné d’allemand le traumatisme de sa bar mitzvah, la course aux bonbons, les chansons à connaître par cœur, la fierté des parents, la gêne de l’adolescent qui ramasse les bonbons avec ses doigts de pieds. Qui n'a jamais goûté cet état gauche et rebelle, ces tourments intérieurs traduits si maladroitement par un corps encombrant? De Wolff nous fait rire, mais pas seulement. I révèille l'adolescent qui est en nous. Le Napoleon D, qu'il vienne du fin fond des Etats-Unis, de Berlin ou de Jérusalem.


Il est également possible de voter pour les "clips" des chorégraphes sur internet : www.posttheater.com/napoleonD

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