samedi 23 août 2008
Comedy, jolies mondanités sans intérêt
Une comédie, ça ne peut pas faire de mal, c'est agréable. Surtout lorsqu'elle est jolie, bien emballée, avec quelques moments drôles, nostalgiques et charmants (le jeu d'ombres chinoises fait son effet). Nasser Martin-Gousset, chorégraphe, danseur de la troupe de Sacha Waltz présentait au festival la première allemande de Comedy (première partie) pour ainsi dire à domicile (le Radial System accueillant aujourd'hui la troupe de Waltz en résidence). Nasser Martin-Gousset nous invite à une party guindée des sixties (d'avant 68), quand les mondanités se déclinaient encore avec majordome. Dans les tintements joyeux des verres et le brouhaha des conversations frivoles, les 11 danseurs investissent un salon bourgeois autour d'un quartett de jazz. Bonne idée que ce groupe en live, recours finalement assez rare dans la danse contemporaine, qui n'empêche cependant pas la bande son. Le générique du début, projeté sur écran, l'histoire du vol du diamant dans des coffre-forts, voudraient nous faire croire à une pièce scénariée. Faux. Nasser Martin-Gousset préfère plutôt construire de beaux tableaux, miroirs dans lesquels il semble se regarder et trouver ça beau.
Pour avoir vu certains des danseurs de la cie de Sacha Waltz dans d'autres productions, on sait qu'ils auraient pu mieux faire. La virtuosité n'est pas au rendez-vous. Les individualités s'effacent devant le groupe. Les 11 danseurs font masse. Verre de champagne à la main, on ne se déplace qu'ensemble, parfois à deux ou trois pour des danses de salon nostalgiques. Au fur et à mesure que les heures s'égrènent, la soirée se délite. Le chorégraphe décèle parfaitement la décomposition des corps et des tenues, le brin de cheveu qui s'échappe, les épaules qui s'affaissent, le maquillage qui coule. Plan larges et serrés, ralentis, pauses, accélérés, le vocabulaire dansé emprunte indéniablement à une grammaire cinématographique. Au petit jeu de référence, on citerait du Blake Edwards et la panthère rose, un peu de Fellini, des comédies musicales américaines blanches de l'Amérique prospère. Moi je pense surtout à Arsène Lupin, la série télé et la chanson de Dutronc.
Tout ça est un peu désuet, on ne voit pas bien le propos.
A la fin d'un spectacle longuet, le premier mot que je capte dans les gradins est "langweilig". Traduction : Ennuyeux. Je suis totalement d'accord. Mon attention s'est plus d'une fois détachée de la scène du Radial System. Finalement, sans gravité pour le spectacle qui s'y joue. Comme si le chorégraphe nous autorisait le papillonnage futile.
Certes tout cela est censé nous rappeler l'insouciance des années 60, mais pour quelles raisons exactement? Nostalgie? Eloge du pop et du frivole? Dandysme? Le discours radiophonique de Nicolas Sarkozy tombe d'autant plus à plat au milieu des bulles de champagne et des notes jazzy. Un anachronisme qui souligne un peu plus l'absence de propos de la pièce.
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