Regard curieux sur une capitale en MOUVEMENTS

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mercredi 20 août 2008

"It’s in the air", corps sans gravité


Au milieu, deux corps rebondissent doucement sur des trampolines. Un homme, une femme. Autour, un public réparti sur deux tribunes, éclairé à pleins tubes. On est là tous à se faire face, à se demander après de longues minutes de sautillements monotones, ce qu’on va faire. Certains éternuent, d’autres remuent sur leur chaise. C’est gênant, un peu drôle, on s’accroche au moindre mouvement qui semble déclarer « ça commence ! ». Peur que ça ne démarre jamais et que l’heure s’écoule trop lentement. Puis les corps montent plus haut, un sourire malicieux envahit le visage du chorégraphe et danseur flamand Jefta Van Dither. Il s’amuse de nous voir autant suspendu à ses gestes. Il goûte le plaisir de sentir son corps rebondir, échapper aux lois de la gravité. Ce doit être le rêve de n‘importe quel danseur : un sol non pas dur, attractif, mais répulsif, bondissant, ami du mouvement, complice de l’élan. Une terre qui aiderait à se mouvoir. Jefta Van Dither et Mette Ingvartsen explorent en toute simplicité les possibilités offertes par ces surfaces élastiques sans recourir aux acrobaties et figures virevoltantes. Ici l’instrument n’est qu’un prétexte à un terrain de jeu de deux danseurs physiques, engagés, généreux dont l'intention chorégraphique n'est autre que le mouvement, le rythme, l’inertie, le frottement.
L’absence de musique nous laisse capter les bruitages des corps : souffles, cris, rires, plantes des pieds sur l’élastique. Peu à peu la mise en scène minimaliste du départ (pas de costume, lumière blanche) s’étoffe de jeux d’éclairage, de placements des corps, de synchronisation. Bonheur simple et partagé d’une pièce généreuse qui se termine par une pirouette fixée « In the air ». On a envie de savoir qui sont ces jeunes danseurs à l'énergie brute. Metta Ingvarsten se partage entre Bruxelles et Berlin. Encore une chorégraphe issue de PARTS l’école de Anne Teresa de Keersmaker. Danseuse de l’extrême, incroyablement engagée physiquement, elle créé des pièces explorant la dynamique corporelle. Elle avait déjà travaillé avec Jefta van Dinther sur « To come » et « We love action » . Lui, danseur et chorégraphe suédo-nééerlandais est sorti de la School of Arts d’Amsterdam en 2003. Tous deux participent au projet « 6M1L-Six Months on location » de Xavier Le Roy et Bojana Cvejic.

La soirée se termine de l’autre côté du canal, à la Hau3, où je n’étais jamais allée. Au fond d’une cour où on imagine des lofts de rêve, la salle se perche au quatrième étage. C’est « LOIN » du français Rachid Ouramdane. Portrait autobiographique d’un enfant d’immigré algérien qui revient lors d'un voyage au Vietnam sur les traces de son père, soldat embarqué dans les corps expéditionnaires le temps d'une ultime déroute en Indochine. Le spectacle est trop bavard, un peu prétentieux. De la poésie, de la vidéo, des effets de décor, de la musique, très peu de danse. Le mouvement part du haut de son corps, les pieds bougent à peine dans des gestes convulsés. Je reste insensible, avec ce brin d’ennui qui se transforme en agacement au fur et à mesure du spectacle. Les textes, poèmes débités très vite par Ouramdane (dans un micro, mais avec le mauvais goût d’un play-back) échappent certainement au public non-francophone. Même moi j’avoue que je ne le suis que de très … Loin. Encore un spectacle où le résumé d’avant scène en dit plus long que le langage dansé.

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