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vendredi 18 juin 2010

"Le temps du hurlement est venu" - épitaphe

José Saramago est mort. Je le citais encore il y a un mois en parlant de Trust de Falk Richter. Parce que son discours, son écriture, son parcours étaient pour moi une survivance d'un monde et d'une pensée en voie de disparition, d'une classe et d'une intelligence qu'on ne vante plus, voire qu'on ringardise - être communiste en 20010 c'est pas un peu démodé?- un esprit qui allait de plus en plus à contre-courant, comme d'une autre époque mais incroyablement lucide et visionnaire. Lisez l'Evangile selon Jésus Christ, lisez la Lucidité, pour se souvenir pourquoi nous en sommes là aujourd'hui. José Saramago est mort. Reste de lui cette interview que je ressors souvent, que je relis souvent aussi parce qu'à l'époque je me disais que si un prix Nobel, un bourgeois en quelque sorte, que si un homme de 85 ans était encore capable de penser ça, alors moi je me devais de ne pas céder, de résister aux discours ambiants, ne pas accepter. José Saramago est mort. En épitaphe cette interview accordée au Monde en 2006 qui se terminait ainsi : "La vieillesse n'est pas une condition à la liberté, tout au contraire. Néanmoins, dans mon cas, après réflexion, j'en suis arrivé à la conclusion qu'elle m'a accordé effectivement plus de libertés. Ce qui m'a conduit à devenir plus radical comme l'illustre ce livre où j'ai mis d'ailleurs en épigraphe : "Hurlons, dit le chien." Ce chien, c'est vous, c'est moi, c'est nous tous. Jusqu'alors nous avons parlé, nous nous sommes exprimés sur de multiples sujets sans nous faire véritablement entendre. C'est pourquoi, il faut à présent hausser le ton. Oui, je crois que le temps du hurlement est venu."

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