Regard curieux sur une capitale en MOUVEMENTS

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mercredi 5 mai 2010

1er mai jusqu'à la nausée




Fin de manif, 20h, Kreuzberg avant la charge.
Folklore peut-être, moi-même j'étais bien au spectacle un peu, mais pas que, j'ai défilé aussi trop contente de pouvoir arpenter Kotbusser Damm sans voiture, et puis cette vieille manie indécrottable de me dire que le 1er mai, c'est sacré. Pourtant cette année j'ai eu la nausée. Non pas des Kravalle tant annoncées par Bild et consort, mais de la police allemande. Ce jour là j'ai vu des flics protéger des centaines nazis pendant des heures à l'autre bout de la ville, des flics pleins de bonne volonté pour que ces gens là puissent manifester, cracher leur haine, jouer les gros bras, faire peur à coups de drapeaux noirs et de "Nazi alarm" patché sur leurs blousons. Des milliers de flics ont bouclé un quartier, embarqué violemment des contre-manifestants, "déblayé" la route pour que le folklore nazi berlinois puisse se mettre en marche. En fin de journée à Kreuzberg, les mêmes flics en plus musclés, en plus méchants, chargent à la moindre occasion la manif des "gauchistes", des alternatifs, des désobéissants, des pas dans le rang. Des hélicos au-dessus de nos têtes, des camions à perte de vue, des rangées casquées prêtes à l'attaque. A Neukölln où défilent 10 000 alterno-autonomes, mais aussi et surtout des familles, des sympathisants, des militants, des Turcs, des Français, des punks, des ados, des gamins,... ils sont partout sur les balcons, sur les toits, sur les trottoirs, la Polizei fait tourner ses caméras pour nous prendre en flagrant délit de démonstrationnisme aïgu. Comme si déjà ce droit de défilé n'était déjà plus qu'un vieux souvenir nostalgique, une vieille habitude ringarde et mal vue. "Vous manifestez mais nous savons qui vous êtes, vous voilà fichés". Je joue les étonnées mais j'ai toujours vu faire ça sur toutes les manifs allemandes. Sauf... sauf l'après-midi même à Prenzlauer Berg. Là aucun homme en vert pour recenser les 600 nazis déployés sous leur protection, pas une caméra, pas un appareil photo. A croire qu'ils se connaissent déjà trop bien, ou qu'ils leur font moins peur que les encapuchés mal rasés. Nausée vous dis-je.
De dos, militant nazi protégé par les flics venu narguer les contre-manifestants bloqués par les mêmes flics.
Contre-manifestant emmené manu militari par la police. Son délit : bloquer la voie au passage de la manifestation nazie.
Distribution de tracts sous escorte policière. Je tente d'en attraper un mais le p'tit nazillon en chef me rétorque en ricanant que "ce n'est pas pour toi".
Les flics me demandent de partir. On se croirait à une private party réservée à des membres triés sur le volet. D'ailleurs au Sbahn tout proche les flics font le tri entre les manifestants nazis qui ont le droit de passer, et les autres qui sont refoulés. Comment? Au faciès, au look, au regard, à la coiffure. Les rasés passent, les chevelus refluent.


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