Regard curieux sur une capitale en MOUVEMENTS

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lundi 14 septembre 2009

At.Tension festival : théâtre de rue sur piste d'aéroport soviétique

Le week-end dernier l'ancien aérodrome de Lärz, vers le lac de Müritz, à deux heures de Berlin, accueillait le At.Tension festival, troisième édition. Pour ceux qui connaissent le furieux Fusion festival, ça se passe au même endroit, en beaucoup plus calme. Quelques milliers de personnes, une quarantaine de compagnies venues du monde entier et un sacré site où les scènes se cachent sous des bunkers où les piste d'atterissages servent de décor extérieur. Plaisir d'une programmation pas trop chargée. Si on reste trois jours, tout est à peu près visible. Au gré des hangars, des bunkers et des spectacles en extérieur on a pu voir du drôle, du poétique, de la danse et du cirque, du rue et du plus intime. Mention spéciale à la Banda venue d'Espagne et l'absurde et hilarant spectacle Invisibles.
Est-ce l'heure tardive à laquelle on y a assisté (après quelques bières...) qui nous a fait tant rire? Va savoir, mais avec trois fois rien, les deux compères manient avec brio l'art du oneman show, du travestissement et du non-sens. Parce que cette histoire de personnages invisibles n'est qu'un prétexte à multiplier les scènes. La vidéo sert de décor. Le compère Xavi qui ne dit pas un mot, saute d'une tenue de tennisman à une moustache bollywood. C'est potache mais terriblement bien maitrisé.
Autre compagnie espagnole Senza Tempo. On les retrouve en extérieur avec pour décor une caravane, un bar et la nuit qui emporte les personnages dans un espace temps irréel. Les ailes de l'ange sur la caravane, l'actrice nostalgique en tutu, les errances nocturnes dans un espace clos, autant d'images qui nous ramènent aux ailes du Désir de Wenders. Les personnages sont outranciers, les chorégraphies chargées d'électricité sexuelle. Les images projetées sur la carlingue construisent des ambiances magiques qui constrastent avec l'ivresse pathétique de la nuit qui n'en finit pas. Du Tanztheater à la Pina, sans la virtuosité des danseurs. Mais il y a une énergie pétillante et une ambiance cinématographique très belle là-dedans.Dans un tout autre genre "Pandora Frequenz" joue la carte de l'abstraction et du conceptuel dans un solo magnifiquement porté par Antje Töpfer. Elle est grande blonde, avec des grandes épaules. Femme puissante et carrée, au visage obstiné. Elle déroule un spectacle de boites de pandorre en corps fragmenté. Son "körperkollage" prend tout son temps. La bande son lancée en direct est majestueuse. Choix audacieux du festival de présenter en théâtre de rue une œuvre aussi difficile et exigeante.
A peine sortis c'est d'ailleurs l'ambiance cirque forain qui nous accueille avec les français des Humains gauche. Caravane toujours mais nez de clowns et autodérision pour le spectacle "Il pleut dans l'omelette". L'actrice fait des efforts pour parler allemand et anglais (très mal), et moi ça me fait rire un peu plus. Il y est question d'un chef de troupe bête et méchant et de pieds nickelés pour acrobates, parmi eux Moumoute, la seule femme du spectacle, le bouc émissaire. L'humour troisième degré très politiquement incorrect (le gros méchant pointe les enfants du public avec son flingue en plastique, rabaisse sa femme à longueur de temps et la traine par les cheveux) ne semble pas correspondre à l'humour allemand. Un remix des Deschiens qui auraient croisé Kusturica, bien huilé, bien géré.
L'univers des Ton & Kirschen m'a touché aussi, de cette grâce un peu bricolée. Les membres de la troupe manipulent toutes les langues, recourent aux instruments et machineries un peu de bric et de broc, c'est d'une jolie poésie à l'ancienne. Déception par contre avec le théâtre de masque de la Cie toulousaine Ceux qui ne marchent pas sur les fourmis. Gageure de résumer la guerre d'Espagne en un peu plus d'une heure. Sur scène, l'histoire se déroule comme prévu, sans accroche, sans grandes idées fortes. On s'ennuie, on s'agace d'une bande son qui ne fait que renforcer le trait déjà gros. Les masques sont beaux, c'est déjà ça.

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