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lundi 24 août 2009

TANZ IM AUGUST Daniel Linehan : derviche tchatcheur

© Jason Somma
Dans un Podewill labyrinthique, les surprises émergent à tous les étages. Coeur du festival, le vieux Palais délaissé des alentours de l'Alex tombe les cartes des propositions les plus étranges/iconoclastes. Hier soir le bruit s'était propagé : "il faut aller voir ce jeune Daniel Linehan, il parait que c'est génial". Cédant à la rumeur, j'ai ajouté la performance pas prévue à mon programme. 35 minutes de tournis. Il a l'air d'un adolescent dans son jean/T-shirt blanc so new-yorkais (impossible de trouver son âge même en fouillant). La salle est pleine à craquer, je fais partie de ceux qui entourent la scène où le performer tourne tel un derviche. Mais là où les tourneurs cherchent la transe et l'abandon, Linehan reste dans le contrôle total. Tout démarre dans le silence. Il tourne très lentement sur lui-même, prend le temps de prendre possession de l'espace, du public. Son regard n'évite personne. Sa voix se lance en même temps qu'une bande enregistrée. Doublage résonnant. Il parle presque tout le temps. Dans un slam répétitif il nous explique "that is not about everything". Ceci n'est pas une thérapie, ceci n'est pas de l'endurance, ceci n'a rien à voir avec l'Irak, ceci n'a rien à voir avec l'Afghanistan, ceci n'a rien à voir avec moi.... Lente énumération négative, fourre-tout interrogatif qui s'auto-questionne sur le sens de la performance et du mouvement. D'une étonnante lucidité, drôle aussi parfois, ce tournis construit un espace circulaire et hypnotique. Les pieds de Daniel Linehan sont le centre du trou noir qui nous happe de sa force centrifuge. Ses mots montent s'échappent, son corps dessine des mouvements subtils. Et nous sommes bien obligés d'adhérer. L'énumération slamée, un peu facile, frôle la vacuité. (tout énumérer en négatif c'est tout dire et donc ne rien choisir). Daniel Linehan feint la posture du doute. "Je tourne pour éviter le regard des spectateurs" explique en substance le danseur. Mais il se dégage trop d'assurance créative de ce visage adolescent pour qu'on y croit. Nous sentons qu'il sait qu'il séduit. Fausse modestie pardonnée tant la vitalité est belle. Le derviche speaker s'arrête net à la fin du spectacle, sans avoir l'air phsyiquement affecté par son propre mouvement un peu fou. Nous par contre en avons encore le tournis. Il nous faut son signe de la main pour nous indiquer que c'est fini. Touché. Ceci est de la danse.
23h, Podewill n'a pas encore lâché tous ses trésors. Gérald Kurdian prend le micro pour un show intergalactique "1999", en franglais incredibly hilarant. Devant son piano bidouillé, il nous joue la partition d'une BO de film d'horreur de série b filmé en direct. The Menace des extraterrestres plane sur la terre. Leur cible : the house of the hero and his wife. The military base of the devil prépare the fight. A chaque scène Kurdian nous bidouille une chanson en homme orchestre multimédiatisé. Ratages assumés, cheap side of the rock. Un petit bijou de spectacle, arty mais pas chiant, bidouillé mais savant. Ses morceaux au piano tirent vers Lou Reed ou Bowie. Conteur gaffeur, improvisateur, le monsieur sort en plus un putain de chant juste, d'une voix qu'il module comme il le veut. Je ne peux que conseiller d'aller consulter ses dates de concert ici. Son disque c'est "this is the hello monster". Quant à moi, je vais peut-être récidiver ce soir mon errance podewillienne.

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